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60e anniversaire de la fête de la Victoire: chronologie des négociations d’Evian

ALGER – Le commandement de la Révolution algérienne a voulu laisser ouvertes les portes des pourparlers avec le gouvernement français en signe de bonne volonté, même s’il était convaincu d’avance que la partie française ne s’amenait pas facilement à des négociations sérieuses. La France tenterait de tirer les négociateurs algériens vers un simulacre de pourparlers stériles qui ne serait qu’une simple analyse des points faibles de la partie algérienne en vue de s’en servir plus tard.

 

Les deux Envoyés du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), en l’occurrence Mohamed Seddik Ben Yahia et Ahmed Boumendjel se sont déplacés à Melun (France) et y sont restés du 25 au 29 juin 1960 pour entamer des négociations avec le Gouvernement français. Ce dernier, n’ayant pas fait preuve de bonne foi, a imposé des conditions rédhibitoires.

 

Lors de son appel adressé au peuple algérien le 5 juillet 1960, le président du GPRA, Ferhat Abbas a exprimé sa vision, suite à l’échec des pourparlers de Melun. La Révolution a, toutefois, déjoué le plan machiavélique “Challe” à travers des manifestations gigantesques menées par le peuple algérien.

 

Se trouvant entre le marteau de l’Armée de libération nationale (ALN) avec la montée de ses opérations spécifiques et l’enclume des activités diplomatiques du Front de libération nationale (FLN), la France a accepté cette fois de retourner aux négociations avec une médiation suisse.

 

Les deux délégations se sont rencontrées, à nouveau, à Lucerne (Suisse) le 2 février 1961.

 

Premières négociations d’Evian

 

Initialement prévues le 7 avril 1961, les négociations d’Evian ont été retardées en raison de la crise politique française de l’époque et du rejet par le FLN de l’idée d’associer de nouvelles parties aux négociations, d’où le report de ces dernières au 20 mai de la même année dans la ville d’Evian, où ont fini par se rencontrer les délégations algérienne et française, conduites respectivement par Krim Belkacem et Louis Joxe.

 

Après plusieurs séances tenues entre les 20 mai et 13 juin de la même année, les questions cruciales sont restées lettre morte, en raison de l’entêtement de la partie française qui voulait débattre du dossier du cessez-le-feu indépendamment du reste des dossiers, en attentant à l’intégrité territoriale de l’Algérie par la proposition de séparation du Sahara.

 

Cependant, la partie algérienne a refusé de marchander les principes fondamentaux contenus dans la Proclamation du 1er Novembre 1954, ce qui a conduit Joxe à suspendre les négociations le 13 juin 1961.

 

Pourparlers de Lugrin

 

Les pourparlers ont repris à Lugrin (près de la frontière suisse) du 20 au 28 juillet 1962 mais sans succès, ce qui a amené le négociateur algérien à les suspendre, le Gouvernement français s’entêtant à ne pas reconnaitre la souveraineté de l’Algérie sur son Sahara. Le GPRA n’a repris ses contacts qu’après avoir arraché une reconnaissance formelle par le président français dans son discours du 5 septembre 1961, où il a souligné la reconnaissance par la France de la souveraineté de l’Algérie sur l’ensemble de son territoire y compris le Sahara.

 

Avec la reprise des rencontres exploratoires les 28 et 29 octobre et 9, 23 et 30 décembre 1961, Saad Dahlab a rencontré Louis Joxe dans la ville française “Les Rousses” pour les négociations dans leur dernière phase, après s’être assuré du respect des principes fondamentaux et souverains lors des négociations de “Les Rousses” (les 11 et 19 février 1962).

 

Les deuxièmes négociations d’Evian

 

Après l’adoption de la mouture issue des pourparlers de “Les Rousses” par le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), le GPRA a affiché son souhait de poursuivre les négociations officielles dans la ville française d’Evian, où la délégation algérienne qui comprenait, entre autres, Krim Belkacem et Saad Dahleb, a rencontré la délégation française conduite par Luis Joxe, pour un dernier round des négociations qui s’est étalé du 7 au 18 mars 1962 et qui a été couronné par la conclusion des accords d'”Evian”, l’annonce du cessez-le-feu et d’une période de transition qui allai être suivie de l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

 

Le peuple algérien a mené une lutte héroïque pour le recouvrement de son indépendance et de sa liberté. Il a payé un lourd tribut de 1,5 million de chahid, des centaines de milliers de veuves et d’orphelins et des centaines de détenus et de prisonniers, outre la destruction de centaines de villages.

 

En vertu des accords d'”Evian”, le 19 mars 1962 est considéré comme date de cessez-le-feu à travers l’ensemble du territoire algérien. A cette occasion, le président du GPRA, Benyoucef Benkhedda, s’est adressé au peuple algérien pour affirmer que le cessez-le-feu constituait une victoire étincelante pour le peuple algérien.

 

Le référendum d’autodétermination est organisé le 1er juillet 1962 et le “OUI” des Algériens l’emporte à la majorité écrasante pour consacrer l’indépendance de l’Algérie.

 

Source: ALGERIA PRESS SERVICE